Maladie de Castelman au sud tunisien : à propos de 10 cas - 20/05/15
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Résumé |
Introduction |
La maladie de Castelman est une entité clinicopathologique caractérisée par une hypertrophie ganglionnaire uni- ou pluricentrique correspondant histologiquement à une hyperplasie lymphoïde angiofolliculaire. C’est une entité rare de bon pronostic au moins dans les formes unicentriques. Le diagnostic est habituellement réalisé grâce à l’examen anatomopathologique sur la pièce d’exérèse. Le but de notre travail est de préciser les caractéristiques cliniques, biologiques, histologiques et évolutives de la MC au sud tunisien.
Patients et méthodes |
Étude rétrospective de 10 patients sur une période de 18ans (1996–2014) avec une maladie de Castelman prouvée histologiquement avec recueil des données épidémiologiques, cliniques, biologiques, histologiques, thérapeutiques et pronostiques.
Résultats |
il s’agissait de 4 femmes et 6 hommes d’âge moyen 42ans (extrêmes : 15–70). La MC était multicentrique dans 9 cas (90 %) et monocentrique dans un cas (10 %). Les circonstances de découverte de la maladie étaient : une altération de l’état général dans 7 cas (70 %), des adénopathies dans 5 cas (50 %), des signes cutanés dans un cas, un hoquet dans un cas, une perturbation du bilan biologique dans 4 cas soit 40 % (anémie, thrombocytose, hyperleucocytose et syndrome inflammatoire biologique), une découverte fortuite lors d’un examen radiologique dans un cas. Cliniquement, les adénopathies périphériques étaient présentes chez tous les patients (100 %) : cervicale (8 cas), sus claviculaire (3 cas), axillaire (4 cas), inguinale (5 cas) et iliaque (1 cas). Des adénopathies profondes ont été objectivée dans 7 cas (70 %) : médiastinale (6 cas) et abdominale (3 cas). Une hépatomégalie était observée chez 2 patients et une splénomégalie dans 2 cas. Des signes systémiques associés étaient quasi-constant. Il s’agissait d’une fièvre dans 6 cas (60 %), un amaigrissement dans 7 cas (70 %), une atteinte cutanée dans 5 cas (50 %), une atteinte pulmonaire dans 2 cas (20 %), un hoquet avec une dysphonie dans un cas (10 %). La MC était fréquemment associée à d’autres pathologies : lymphome dans 3 cas (2 lymphomes T et un lymphome de Hodgkin), un syndrome de Sjögren (1 cas), une polyarthrite rhumatoïde (1 cas), une hypothyroïdie (1 cas), un hypercorticisme (1 cas) et une thrombose veineuse profonde (1 cas). À la biologie, on a trouvé une anémie dans 8 cas (80 %), une hyperleucocytose dans un cas (10 %), une hyperéosinophilie dans un cas (10 %), une thrombocytose dans 2 cas (20 %), une leucopénie dans 2 cas (20 %), une thrombopénie dans 2 cas (20 %), un syndrome inflammatoire biologique dans 8 cas (80 %), une hypergammaglobulinémie polyclonale à l’électrophorèse des protéines plasmatiques dans 7 cas (70 %), une élévation des LDH dans un cas (10 %). La sérologie de HHV8 était positive dans un cas et celle de l’hépatite B dans un cas. Histologiquement, la forme plasmocytaire était la plus fréquente (6 cas), hyalino-vasculaire (2 cas) et mixte (2 cas). Le traitement en première intention était la corticothérapie à forte dose (1mg/kg/j) dans 8 cas (80 %). En 2e intention et après échec de la corticothérapie chimiothérapie MOPP dans un cas, biothérapie (rituximab) dans un cas. Une exérèse chirurgicale d’une adénopathie jugulo-carotidienne chez une patiente ayant une MC monocentrique. L’évolution était favorable dans 7 cas (70 %), rechute dans 2 cas (20 %) et une aggravation avec transformation lymphomateuse dans un cas. Des complications infectieuses ont été observées dans 4 cas et iatrogènes dans 3 cas (diabète cortico-induit). Le recul moyen est de 36 mois.
Discussion |
La MC est une cause rare de lymphadénopathie non tumorale, d’étiologie mal connue. Notre étude confirme la diversité des manifestations clinico-biologiques de la MC et son bon pronostic global. Les particularités de notre série sont : la fréquence des maladies associées, l’absence d’une infection VIH associée et la faible association à une infection à HHV8 (seulement un cas). Sa présentation clinico-biologique est non spécifique. Le diagnostic est histologique. Le traitement non consensuel, fait appel essentiellement à la corticothérapie. D’autres alternatives thérapeutiques sont indiquées dans les formes cortico-résistante, tel que les antiCD20 et l’anticorps anti-IL6. L’évolution était favorable sous corticothérapie seule dans notre série dans 62,5 %.
Conclusion |
La MC est une hémopathie habituellement bénigne. Il faut néanmoins surveiller étroitement et évaluer le risque de transformation néoplasique survenant dans 32 % des cas et responsable du pronostic défavorable.
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Vol 36 - N° S1
P. A151-A152 - juin 2015 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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